Je cherchais la rédemption et peut-être à laver mes pêchés lorsque je l'ai rencontré, je lui ai partagé mon fardeau. Je lui ai demandé de me punir. Et c'est alors qu'en entendant l'horreur de ce que je lui confiais, en voyant ce que j'étais, comme si c'était voué à la Prophétie que le prêtre me qualifia de monstre. Aussi insupportable que ce fusse, je décidais pourtant de lui donner raison et me jetais à son cou pour le mordre affamé par mes blessures. Je lui révélais ainsi tout ce qu'il y avait de plus sauvage alors que ce dernier venait de défaire le sceau que je m'étais évertué à tenir tout ce temps pour me retenir d'être et de devenir. Je ne regrettais pas mon geste et je ne le regrette pas, car je ne suis que le reflet de la créature que je devais être. Malgré tout, je ne souhaitais pas en me rendant dans la maison de dieu le souiller, ni le blesser, alors je suis bien décidé à revenir le voir, ne serait-ce que pour savoir comment il s'est remit de ma visite…

Il est mon âme damnée. Un pan de moi qui m'empli et me vide tout à la fois. Quand je pense à lui, je ne sais pas dire si je suis triste ou heureux, si son visage m'est plaisant ou déplaisant. Et pourtant, derrière le voile de la colère qu'il m'inspire par son irresponsabilité et ses actes démesurés je sais la vérité. Ce que je ne peux admettre par des mots je l'éprouve avec d'autant plus de violence. Je le désire dans tous les sens du terme, sous ma peau et dans mon coeur. Le paradoxe de vouloir le détruire tout comme celui de vouloir posséder.  Dès lors que je lance un regard soucieux dehors c'est en me demandant s'il avance vers une meilleure version de lui-même ou s'il continue d'approcher sa mort. Dans tous les cas je ne peux plus me tenir à ses côtés autrement il m'entrainera dans son sillon et je serais perdu. Peut-être qu'au fond j'ai peur de ce que je ressens pour lui.  

L'instrument de ma déchéance. Quirin n'était à l'origine qu'un collègue à moi, nous partagions notre quotidien auprès de Leif que j'ai rapidement compris, l'intéressait d'une manière ou d'une autre. Au Solstice d'été alors que je revêtais l'habit de garde durant l'évènement, le chef de la garde André de Castelnou tenta de m'humilier publiquement en me demandant de changer de vêtements et il prit ma défense. Me sentant redevable je lui proposais un service pour rembourser ma dette, celui-ci me demanda alors de vendre des informations sur Leif en échange de sa protection. Ce point là fut le début de ma chute, je ne sais toujours pas pourquoi sinon que par détresse j'acceptai cette offre mais j'eus tôt fait de le regretter le jour où Quirin me fit assister à sa pendaison après une année d'échanges de lettres.

Il y a entre lui et moi un lien insaisissable, quelque chose de profond. Quirin à fait de moi un être souillé, sa bête noire. Aujourd'hui, je le sais, c'est ma pureté qu'il a prit plaisir à souiller, en faisant du chaos notre lien. Je suis le témoin de ses vices, sans doute pour ne pas rester seul. Aujourd'hui nous sommes liés par ce secret à jamais.

Rencontré au bal en l'honneur du Seigneur d'Aldric de Roncepourpre je lui reconnu d'étranges paroles qui ne me dirent rien qui vaille. je pouvais palper sur sa peau le parfum du vice, sur son sang, la gorge d'un millénaire et tandis qu'il me gratifiait de babillages insignifiants je ne rêvais que d'une chose : plonger mes crocs dans sa gorge pour m'approprier sa puissance.

Je l'ai exécré mais je crois surtout que nous ne sommes jamais parvenus à nous entendre. Il m'avait approché avec de bonnes intentions mais très vite nos rapports se sont dégradés pour me montrer ses pires aspects tant et si bien que des actes irréparables ont été commis. Finalement ce dernier à disparu en voyant qu'il était trop tard pour se racheter et je n'ai plus le coeur de revenir sur ce qui a été fait. Malheureusement il y a des rencontres qui sont voués aux échecs quand bien même nous n'en avions pas l'intention. J'étais trop arrogant, lui trop déterminé et la vie à décidé qu'il n'était pas bon de nous mêler, nous nous ignorons aujourd'hui l'un et l'autre.