La semelle de sa botte rencontra un objet insolite dans un tel lieu et le rouquin s'interrompit. Baissant les yeux, il éclaira le sol enneigé devant lui, pour apercevoir un petit rectangle foncé, dont la surface s'apparentait à du cuir. Intrigué, Cécil s'accroupit pour ramasser ce qui se révéla être un livre. Sourcils froncés, son premier réflexe fut de balayer les alentours de sa lanterne, dans l'espoir d'apercevoir la silhouette du propriétaire mais rien. Plus surprenant encore, il n'y avait pas de traces de pas autres que les leurs dans la neige. Soit l'objet se trouvait là depuis plusieurs heures, soit... Le jeune prêtre déglutit avec difficultés, prenant sur lui pour chasser la peur qui revenait à la charge.

« Qu'est-ce qu'un livre fait là ? »

Était-ce un villageois désireux d'égayer le repos éternel d'un proche disparu ? L'idée était touchante, réconfortant un peu Cécil. Assez pour l'enhardir et ouvrir le livre à son tour. Quelle ne fut pas sa surprise en découvrant une date en haut de la première page.

« Oh, on dirait un journal intime... Attends une minute. Pourquoi les dates sont-elles... ? »

Passée la soudaine gêne de se plonger dans l'intimité d'un inconnu, l'incompréhension le frappa. Ce qu'il avait d'avoir identifié comme la date en était effectivement une mais celle d'une année qui ne s'était pas encore écoulée ! Perturbé, le rouquin rapprocha ses yeux du papier, croyant d'abord avoir mal lu ou mélangé les chiffres du fait de l'écriture manuscrite propre à chacun. Il se mit alors à tourner les pages frénétiquement, vérifiant les dates à chacune d'entre elles. Toutes faisaient mention au futur. La peur raffermit sa prise. Cécil n'osait pas lire le contenu du journal. Pas plus qu'il ne voulait comprendre la raison derrière la rédaction d'un tel journal. Cependant, quand il se retourna pour interpeller le vampire, ce fut pour constater que ce dernier avait disparu dans les ténèbres du cimetière, augmentant sa nervosité d'un cran.

En guise de bonne foi, il se résolut à ne pas emporter l'ouvrage que Laurent avait descendu pour lui, promettant à ce dernier de revenir le chercher le jour suivant. Remontant l'allée en présence de son ami, le garçon se décala pour le laisser passer, empruntant lui-même l'accès sous l'échelle qu'il avait installée plus tôt sans réellement y prêter attention, trop absorbé par ses pensées. Pour autant, le destin l'en arracha bien assez rapidement, car une fois arrivé au bout de la rangée d'étagères, Andréas se reçut plusieurs livres sur la tête.

« AOUCH ! » s'exclama-t-il bruyamment en portant ses mains à sa tête.

Stupéfait, il chercha d'abord le regard de son aîné pour obtenir un début d'explications avant de lever le nez en direction des étagères les plus en hauteur. Avait-il heurté le meuble sans y prêter attention ? Maintenant qu'il y repensait, il avait une fois cru entendre quelqu'un parler derrière lui en ces lieux. Peut-être que la bibliothèque était hantée en fin de comptes... En tout cas, le garçon était bon pour ramasser tous les ouvrages éparpillés par terre et les remettre à leur place avant l'arrivée du bibliothécaire.

« Comment ont-ils pu tomber tout seuls ? J'ignorais que la bibliothèque était aussi dangereuse... » ronchonna-t-il avant de soupirer. « Désolé Laurent, je te laisse partir devant. Je vais devoir ranger tout ça. »

Tandis qu'il arpentait l'un des nombreux couloirs de l'immense demeure, un bruit sourd l'arracha brusquement à ses pensées. L'humain releva le nez, cherchant immédiatement l'origine du bruit. Son attention se porta sur une pièce en apparence vide, sorte de petit fumoir à disposition des occupants du manoir. Sourcils froncés, Sandre mit un pied à l'intérieur, puis un second. Avait-il rêvé ? Il était pourtant certain d'avoir entendu du bruit en provenance de cette pièce. Est-ce que le son émanait d'une salle voisine ? Ou d'un étage différent ? De plus en plus intrigué, le garçon se recula jusqu'à revenir au sein du couloir, le nez en l'air et les sens en alerte. Ou presque puisqu'il perçut soudain une présence à ses côtés.