Manuel du joueur

Bienvenue sur Roncepourpre ! Que tu sois de passage ou bien perdu, voici quelques liens pour t'aider à retrouver ton chemin.
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Anno Domini MMMCCCIV.

Le monde est figé dans une longue ère glaciaire. Gagnants de la Grande Guerre, les vampires ont instauré leur propre régime : le Caliçat. Piégée par le froid et l'impôt de sang, l'humanité s'est résignée à son sort. Ou presque. Au cœur du domaine de Roncepourpre, la Rébellion est déterminée à lutter pour la liberté. 

Plongez dans un univers où pouvoir et trahison se mêlent au sang et au gel, où vos choix détermineront le destin de ce monde déchu.

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Août 3304
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La Taupe, l'Ours et l'Hermine • BAUDUIN & SÉLÈNE

Sélène Labrumal
Sélène Labrumal
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Feuille de personnage
Âge: 28 ans
Métier: Contrebandière et passeuse
Lieu d'origine: Roncepourpre
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La Taupe, l'Ours et l'Hermine • BAUDUIN & SÉLÈNE MfAxPJ1
21 Juillet 3304, au petit matin ...

Il y a toujours un prix à payer.

Les souvenirs de l’ardente nuit dérobée n’ont pas encore perdu leurs couleurs éclatantes, que déjà une urgence bien déplaisante s’impose. Prévenir la Main d’une fuite, d’une taupe, attendre la décision de sa tête. Occire Harp’ ? Voilà qui aurait été un réel gâchis, un crève-cœur bien futile. Et pourtant, si l’ordre de Lazare était tombé, qu’aurait-elle fait ? Voilà une réponse que Sélène est fort aise d’esquiver. Mais non, pourquoi prendre un tel risque, pour une milicienne ordinaire ? D’autres dans la Garde connaissent son nom, c’est une certitude, et celle-ci n’a qu’un visage ordinaire, une planque déjà abandonnée, et les mémoires d’une soirée. Une basse besogne d’esquivée. Une autre de récoltée sur le chemin.

Et en plus, elle va devoir s’adresser à Bauduin. Du Septième Ciel au Purgatoire, en l’espace de quatre jours …

Oh, il est bien brave, le bougre. Impossible de le lui nier, autant que sa farouche opposition aux Roncepourpre et leurs laquais. Et pourtant … Même elle a écouté les échos, entendu les rumeurs. Son amitié de longue date avec Ulysse, ce foutu revendeur de drogue vermillonne suintante de corruption. Sa proximité avec Roman, avec Lysandre, avec Judas sait seulement combien d’autres Dentus, de vampires affiliés à la Cause. Non, sa loyauté n’est pas fragile. Mais sa détermination à se salir les mains, à faire le nécessaire, contre l’honneur et la morale si besoin ?

Bien plus théorique.

Mais qui d’autre pourrait poursuivre la traque à travers bois et clairières ? Quoi de mieux qu’un chasseur pour pister la taupe ? Le constat, tristement terre à terre, ne suffit guère à relever l’humeur de la contrebandière. Bien loin de ses tunnels et de la cité bourdonnante, levée dès l’aurore pour arpenter la morne et grisâtre prairie, pour solliciter l’aide d’un ours à la hargne tiédissante … Une journée pourrait-elle s’annoncer plus médiocre ? Elle rajuste son foulard pour masquer son visage, rabat la capuche de sa cape cirée sur sa courte chevelure, vérifie la présence de son arbalète. Pourvu que l’affaire soit bouclée au crépuscule.

La cabane s’annonce déjà au loin. A l’aune de son propriétaire, pour l’avoir déjà croisé par le passé. Rustique, vieillotte, solide, robuste. La remarque lui arrache un éclat de rire solitaire. D’autres diraient-ils la même chose, en pénétrant dans ses propres repaires ? Quel était le mot d’Harp’, déjà ?

Pratique.

Elle prend soin de finir l’approche sans discrétion, mains levées au clair, sens aux aguets. Un bref billet codé l’avertissant de sa venue aurait dû lui parvenir, mais le bougre sait-il seulement signer son nom ? Quel destin ironique, finir épinglée par un plantigrade analphabète effarouché et mal luné ! Autant lui épargner l’occasion, car elle ne se fait aucune illusion. L’approche furtive serait vouée à l’échec. Il doit connaître aussi bien la forêt qu’elle les tréfonds de la Cité. A quelques pas de la bicoque, elle s’immobilise. Pas de signe de lutte, pas de porte dégondée, mais pas de Petit non plus. Fichtre. Quelques secondes d’une patience vite épuisée, et elle s'époumone.

- Holà, y’a quelqu’un de pas crevé et de réveillé dans ce gourbi ?

L’écho de sa tirade ne s’est pas encore dissipé qu’elle reprend, un ton plus bas, narquoise, mimiquant à la perfection l’intonation oratoire des hérauts.

- Sire Petit, auriez-vous l’extrême obligeance de remuer votre séant ?

Cette taupe ne va pas se chasser toute seule !
Bauduin Petit
Bauduin Petit
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La rage au ventre, Bauduin se retient d’aller au manoir des Roncepourpres, délivrer leurs confrères détenus. Se précipiter briserait sa couverture, si dûment acquise.  Son affiliation découverte, il finirait par les rejoindre, derrière les barreaux de leurs geôles. S’il devenait, à son tour captif, Ulysse ne lui pardonnerait pas cette folie. La culpabilité rongerait son frère d’arme, car il fut celui qui lui exposa les faits.

Par amour pour le fantôme, il contient son souhait de jouer les justiciers. Personne n’apprendra donc à Ghost, que son dévoué ami, se retrouva saisi par la garde.  Bien que cela lui coûte de devoir rester inactif, le chasseur sait que c’est le meilleur choix. Ce n’est pas en exposant son identité cachée, qu’il aidera les incarcérés. Il doit se réfréner. Ronger l’appel vivace d’intervenir.

Ravalant sa morgue et son désir vorace de justice, il fend le bois comme du beurre, depuis l’aube venue. Cette activité, à défaut d’être prenante, l’empêche de souffrir de passivité. Les bûches s’entassent à ses pieds. Il ne les a pas comptés, trop occupé à tenter de calmer sa rage.

Par l’effort et par la chaleur revenu, ses vêtements lui collent à la peau. Il mériterait bien un bon bain, pour se délasser et faire disparaître la suée. Voulant rendre ce souhait proche, Bauduin constate le fruit de son labeur : il a le nécessaire pour tenir, l'hiver prochain, lorsque la rigueur reviendra en maîtresse sur les terres.

Il plante sa hache, dans le billot, après un grondement. Il se penche pour ramasser quelques morceaux de bois. Alors qu’il se dirige vers l’avant de son antre, il entend une voix, qu’il lui est familière. Il grogne, il ne pourra se rafraîchir, comme il l’escomptait. De mauvaise humeur, il apostrophe l’hermine.

—  Je suis là… Nul besoin de continuer à parler dans le vide.

Ses mires féroces soutiennent l'émeraude de ses yeux alors qu’il vient par ses mots, de montrer sa contrariété.  Pendant qu’un bras maintient ses captifs, sa dextre ouvre la porte. De la tête, il l’invite à entrer.

—  Que me vaut l’honneur de ta visite ? Est-ce Lazare qui t’envoie ? Ou est ce pour une autre raison ?

Après avoir rangé ses bûches à côté de la cheminée, il lui montre de la chaise de l’index. Il lui laisse le choix de prendre place. Si elle refuse, il n’en prendra pas ombrage.

Une partie de son être se questionne sur la raison qui la poussa à venir jusqu’à son repère. C’est bien la première fois qu’il reçoit la visite de Térébenthine.

—  Du vin aux épices ?

Bauduin essaie de se montrer courtois malgré son désir d’être à nouveau seul. Comme lui, elle fait partie des insurgés. Il doit donc faire un effort.
Sélène Labrumal
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La Taupe, l'Ours et l'Hermine • BAUDUIN & SÉLÈNE MfAxPJ1
Et voici le maître des lieux, l’ours mal lêché en chair, en os et en fourrures, les bras chargés des vestiges de ses victimes arboricoles. Presque deux mètres et deux cent cinquante livres exsudant autant le fumet de sa sueur que la contrariété de son humeur. Est-ce simplement le plaisir de la visite si conciliante et lénifiante de Sélène, ou bien cet accueil aussi chaleureux qu’un solstice hivernal puise à une autre source ? Le rustaud de la cambrousse et la pipelette des souterrains n’ont jamais eu forte affinité, mais à ce degré, tout de même ! C’en serait d’un vexant … si elle en avait cure.

Et c’est un luxe hypocrite qu’elle a délaissé depuis longtemps. Il ne l’aime pas, la belle affaire. Qu’il ajoute sa désapprobation à la longue litanie …

- Salut, Bauduin, le plaisir est mutuel !

Une politesse de façade, trop tardive, trop tiède, une bien piètre illusion pour une enfance biberonnée aux soucis des convenances de la Haute Société de Roncepourpre. Les iris séléniens décrivent maintes ellipses, alors même qu’elle lui emboîte le pas pour ses pénates. ”L’honneur de ta visite”, quels grands mots sans réelle consistance ! Elle ne se leurre pas sur sa place au sein de la Cause. Térébenthine tient plus de l’égoutière que de la bonne fée. Quand elle se ramène, c’est parce que ça sent la merde. Même le rustre forestier ne saurait l’ignorer, tout de même ?

Sauf à jouer magnifiquement bien l’ignorant, il n’était pas au courant de sa venue. Parfait, décidément, voilà une chasse qui commence sous les meilleures auspices. Elle retient à grand-peine son mordant dans un soupir retentissant.

- Je suppose que le message s’est égaré … ouais, Lazare.

Tant de piques titillent son palais, mais Lazare a été limpide comme un rû gelé. Ne pas s’aliéner les autres factions, sauf nécessité vitale. Taquiner le revêche géant pourrait difficilement s’y nicher, en dépit de ses meilleurs efforts d’une mauvaise foi solidement ancrée. Et la tête de la Main tient au bougre, Sélène le sait bien.

S’il y a bien une putain d’âme en ce bas-monde qui a mérité ma confiance …

Sourde à l’invitation, elle s’adosse au mur mitoyen de la porte, la vieille habitude toujours vivace. Sa capuche et son foulard toujours solidement arrimés, elle ne laisse paraître que ses iris alors qu’elle détaille les lieux, à l’affût de l’élément insolite. En vain. A vrai dire, si elle devait jamais écrire la description de l’antre d’un forestier solitaire acariâtre, voilà un bon souvenir à se graver … A regret, elle décline l’offre d’un breuvage, persuadée par le bon sens plus que la méfiance. Alcool et traque, quelle meilleure mixture pour un désastre ? Un bref claquement de langue l’arrache à son bref mutisme, le ton chargé d’ironie présageant de la moue dissimulée sous le tissu opaque.

- Ecoute, Bauduin, je vais nous faire une faveur à tous les deux, tu veux bien ? T’as hâte que je fiche le camp, c’est plus criant que les poissonniers du marché. J’ai une foutue longue et chiante semaine dans les pattes, et qu’une envie, mon chez-moi. Y’a que nous deux, alors on arrête les ronds de jambe et les politesses, et on file à ce qui m’amène ?

La lassitude n’a nullement besoin d’être feinte. Elle pourrait être en bien plus charmante compagnie, de Morphée, de Dame Cervoise, ou même d’un excentrique ménestrel de passage, plutôt que … ici. Et si la nécessité ne faisait pas Loi, elle ne s’en priverait pas !

- Odon, tu le remets ? Charbonnier, la cinquantaine, grand blondinet baraqué grisonnant, toujours aimable comme la porte d’une geôle ?

La présente compagnie en plus vieux et en blond-gris, autrement dit.

- Il a jacté à la valetaille des Dentus. Une descente de la Garde en pleine réunion par ses soins qui a failli me choper avec une demi-douzaine d’autres, une sentinelle qui a essayé de me choper alors que je buvais une chopine dans un coin où il savait me trouver … Entre autres. J’ai besoin de toi pour lui clouer le bec avant qu’il chante encore. Pas en ville depuis deux jours, il doit charbonner là. Tu sais où ?

Si Lazare l’a recommandé pour la tâche, c’est qu’il doit être à la hauteur. Un chasseur ne sachant pas chasser une taupe en pleine sylve … voilà qui serait fâcheux !
Bauduin Petit
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S’il est habituellement brut dans son ensemble, Bauduin arbore une face encore plus rude, qu’à l’accoutumée. Des mots secs, presque cassants. Un timbre vibrant d’agacement. Une expression patibulaire. Il ne dissimule pas sa patience élimée, par son souhait de pouvoir enlever de sa chair, la suée, accumulée par l’effort. Un accueil glacial qui n’est pas offert exclusivement à l’Hermine, quoiqu’elle en pense. Le recruteur de la Cause, l’aurait réservé à quiconque, se présenterait à son porche, à ce moment-là. Peut-être aurait-il adouci ses mots, pour Ulysse et Roman ? Peut-être. Le chasseur ne se pose pas la question. Il vit l’instant T, où son intérêt doit se porter sur Térébenthine, aussi ennuyée que lui, d’être là.

Il l’écoute, la mine revêche. À la mention de message, son sourcil droit se hausse. Il se remémore les derniers jours. Il ne se souvient pas d’avoir été dépositaire de celui-ci. La transmission a du se perdre, alors qu’il était hors de la Cité du Bourbier. Cela l’ennuie. Il espère que la missive ne s’est pas retrouvée entre des mains malintentionnées. Il ne tient pas à avoir la garde à sa porte. Chassant de son esprit, son agacement certain, il gronde, avant de répliquer.

— Le message ? Je n’ai rien reçu de tel. J’ai été absent quelques temps. Cela ne fait qu’une lune que je suis rentré dans ma tanière.

Ses orbes smaragdines fixent les pupilles voisines, seule partie du visage dévoilée. L’Hermine, Térébenthine, autant de surnom qui collent à la peau de la rebelle. Par respect pour la contrebandière et son attache avec Lazare, il ne cherchera pas à découvrir sa face. Si elle se barde de méfiance, à l’encontre de tous, il l’accepte.

Ravalant un grondement, après avoir à nouveau fait preuve d’irritabilité, Bauduin l’invite à entrer, aux confins de son antre. Alors que l’incitation à le suivre dans sa cabane vient à peine d’être suggérée, le chasseur ravale sa morgue. L’Hermine n’est pas venue à sa rencontre, pour devenir son défouloir. Il détendra sa chair, dans l’onde chaude lorsqu’il aura répondu aux souhaits de Térébenthine.

En parlant d’elle, la rebelle reste le dos accolé contre le mur mitoyen de la porte, seul point d’échappée, si le trappeur devenait une menace factuelle ou imminente. Risque qu’elle n’encourra point, avec lui. Bauduin n’a pour l’hermine, aucune hostilité. Il ne rompra pas son lien avec Lazare en attaquant Térébenthine. Intouchable, Intouchée.

Ici, dans sa tanière, elle est en sécurité. Il ne laissera personne venir violenter son intégrité. Alors qu’il s’assure que nul péril ne se présente à sa porte, la membre de la main lui expose les faits, la raison de sa venue, ici-bas. Un grognement fort lui échappe, avatar de son agacement. Il n’a pas perçu en Odon, la graine de la trahison. L’homme parvint à dissimuler au chasseur, ses tendances délatrices.

— Je ne m’attendais pas à ce qu’il vienne briser ta couverture. Je l’estimais mais, ce n’est plus le cas, à présent. Il ne mérite plus d’être considéré comme l’un des nôtres.

Ses doigts frôlent la gaine de son couteau de chasse. Il s’y attarde alors que ses pupilles sont teintées d’une lueur sinistre. Le trappeur ne pardonne pas les traîtres et l’éclat de son regard, exprime le sort réservé à Odon, s’il se retrouvait entre ses mains.

— Il doit être réduit au silence, avant qu’il ne dénonce aux gardes, tous les nôtres.

Des mots soufflés d’un timbre glacial alors qu’il quitte le seuil de son antre. Alors qu’il se tient devant la porte, il invite tacitement l’Hermine à le rejoindre, d’un mouvement de la tête. Il ferme à double tour.  

— Je connais l’une de ses tanières. Je te mènerais à celle-ci. Il ne doit pas savoir que tu m’as informé de sa traîtrise.

Echo d’un silence avant qu’il poursuit, d’un ton sans appel.

— Allons y.

Alors qu’il s’est enfoncé, depuis quelques instants dans la sylphe, il s’arrête. Il montre de sa dextre un point, au loin.

— Ne te diriges pas dans cette direction. Une meute de Loups d'Arval s’y trouve et ils déprécieraient qu’on empiète sur leur territoire. Nous devrons faire un détour, pour préserver notre existence.

Il reprend la marche. Habitué à la nature, il sait comment fondre avec elle. Bien que brusque et imposant, Bauduin n’émet aucun bruit lorsqu’il se meut.

Après deux heures à s’enfoncer dans les bois, dans un parfait silence, de la fumée est apparente au loin, signe d’une vie humaine.

— Nous y sommes presque.
Sélène Labrumal
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La Taupe, l'Ours et l'Hermine • BAUDUIN & SÉLÈNE MfAxPJ1
Excessif, le bougre.

La volte-face était inattendue. Bienvenue et nécessaire, pour certain, mais tellement soudaine … et presque naïve. Touchante et horripilante, en un sens. Une preuve étayée de vents et de paroles, un ruisseau à la source boueuse et malodorante, voilà tout ce qu’il lui suffit pour se retourner contre l’un de ses voisins, une de ses connaissances, un camarade, un frère d’armes ? Pourquoi a-t-il plus foi en la parole de Térébenthine qu’en la probité d’Odon ? Elle écarte la question d’un haussement d’épaule. Philosopher est un luxe dont seules les Muses ont l’usage. Dans leurs mondes, dans la sylve de l’Ours ou la fange de l’Hermine … il faut saisir les choses comme elles sont. Bonnes ou mauvaises.

Alors elle lui emboîte le pas, sans un mot de plus, sans ponctuer l’évidence. Une simple prière à Lazare, pour qu’elle aie jaugé le forestier à sa juste mesure. S’il voulait se débarrasser d’elle, nul besoin d’armes ou de poisons, oh que non. Il lui suffirait de l’égarer dans un bois, un ravin, au détour d’une colline ou d’un bosquet. La Sélène est un animal à l’habitat urbain, un saprophyte dans toute sa splendeur, une tunnelière capable de reconnaître mille tunnels et ruelles … et qui ne saurait différencier un platane d’un chêne, l’empreinte d’un canidé d’un lupin. A vrai dire, il ne lui suffit que d’un copieux quart d’heure pour commencer un refrain sourd, étouffé et marmonné, de maugréements et de discrets jurons.

Dame Nature n’est pas une mère aimante, c’est une catin sadique et machiavélique, aux légions de chausses-trappes enracinées, aux barrières foisonnantes et incapable de se décider entre silence pesant et cacophonie sifflante. Voilà son opinion depuis toujours, et elle n’en démordra pas.

Et avec des loups, aussi, visiblement. Prédateurs dans la Cité, et prédateurs hors des murs, le sens de l’humour d’Amen est toujours aussi vicié. Quant à savoir lesquels, des bipèdes ou des trotteurs, sont les plus vicieux … Au moins les cabots d’Arval n’ont-ils pas asservis une race entière avant de les déguster. Un point pour eux, peut-être ? Nonobstant son débat puéril, elle s’empresse de coller les traces du Père Petit. Elle s'avouerait volontiers téméraire, mais pas si suicidaire. Les charmants loupiots devront se trouver une autre pitance.

La marche dure une éternité, trois heures à minima elle l’aurait juré, avant qu’enfin le guide ne marque l’arrêt. Suivant son regard, elle remarque enfin le mince et sombre plumeau qui s’élève au-dessus de la cime de la sylve. Si les indiscrétions du charbonnier n’avaient pas déjà conclu sa sentence, le simple calvaire à travers les souches et les ronciers s’en serait chargé ! Avec un sourire pincé, Sélène ravale cette pique amère. Elle n’a jamais tué sur un coup de sang. Quoique les rumeurs prétendent. Cette mort, ce meutre prémédité, c’est une impulsion froide. Implacable. Nécessaire.

- Hé ben c’est pas trop tôt, j’en ai plein les bottes, des orteils aux talons, de la semelle au col !

Fidèle à ses habitudes, elle en profite aussitôt pour improviser une pause sur la carcasse encore robuste d’un arbre à l’écorce sombre. Elle se détourne l’espace d’un moment, pour ôter le foulard hors de la vue du Plantigrade, s’offrir le luxe d’une rasade d’eau et de quelques noix à picorer. Sa besogne achevée et le visage à nouveau voilé, elle reprend la parole.

- Bon, tu le connais bien, le gonze ? Ou plutôt, il te connaît bien ? Du genre à te faire confiance ? Assez pour qu’il se confesse ?

Le ton est nonchalant, plus digne des commérages des thermes ou de la taverne que de l’instant présent. A l’unisson des gestes maîtrisés et coutumiers avec lesquelles elle extirpe l’arbalète de sa toile cirée, vérifie le mécanisme huilé la veille, l'empennage des carreaux. Quelque part, elle peut sentir un fragment de conscience se révolter, s’indigner dans un murmure à bout de forces. Planifier un meurtre ne devrait pas être aussi aisé. Un vestige de naïveté enfantine, puérile et agaçante.

Elle n’a pas fait naître ce monde violent et vicié. Mais refuser ses règles n’est qu’un doux rêve.

- Parce que le choix est simple. Il ne me chantera rien … volontairement. Alors soit il te cause de son plein gré, et ça sera bref, propre et rapide pour lui. Soit je m’y colle, et ça va être dégueulasse et douloureux. Franchement, je m’en contrefous, moi. C’est toi qui voit.

Alors qu’elle prononce ces mots, elle réalise, encore, une fois de plus, la cruelle et hideuse vérité qu’ils recèlent.

Elle n’a plus à la jouer, cette indifférence tiède et distante.