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Le soir de notre rencontre, j'avais besoin de me sentir désiré par un immortel, n'importe lequel. Je me disais que tu ferais l'affaire. Tu avais l'air d'être une bonne poire : un nouveau-né, manipulable, perdu au milieu d'une soirée mondaine et qui maîtrisait à peine la langue du domaine... Ignorant mes intentions, tu avais essayé de te nouer d'amitié avec moi et même réussi à égayer ma soirée. Peut-être m'étais-je emballé en t'isolant des festivité pour mieux t'offrir ma gorge. Peut-être ta (terrifiante) créatrice avait-elle raison de nous interrompre. Si je gardais un très bon souvenir de nos échanges, verbaux comme passionnels, je n'en demeurais pas moins frustré par son intervention.

Nous revoici deux mois plus tard, deux presque inconnus qui avaient fui l'agitation du bal pour prendre l'air sur le balcon. Ta progénitrice se méfiait de moi, à raison. Nos retrouvailles te réjouissaient beaucoup trop, bien qu'une telle démonstration d'enthousiasme me flatte. Mon sang t'avait-il plu à ce point ? [RP en cours, à suivre...]

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Autrefois collecteur d’humain, tu m’avais rencontré avant que j’apprenne à me connaître moi-même. Tu m’avais impressionné et j’avais gardé de toi le souvenir d’un homme chaleureux, droit, séduisant. Nos chemins ne s’étaient recroisés que des années plus tard, après que je sois devenu esclave de chair. Je t’avais redécouvert dans l’intimité et les festivités. Ma présence était en effet prisée lors de soirées de débauche en comité restreint, ces “petites sauteries” comme tu les surnommais. J’appréciais tes charmes et ta compagnie, tu savourais les miens ; nul besoin de prise de tête. Il était appréciable de savoir vers quel invité me tourner pour me sentir considéré à ma juste valeur et pour prendre mon pied. Je t’estimais et je t’accordais une confiance aveugle.

Ta récente promotion au poste de chef de la garde, je l’avais apprise au cours d’un interrogatoire plus ou moins informel de ta part. La surprise s’était accompagnée d’un sentiment de trahison et avait menacé de jeter un froid dans notre relation. Mais comment ne pas fondre lorsque tu m’appelais ton bel oiseau et que tu proposais de me protéger ? Je t’avais parlé de mes ressentis à cœur ouvert en espérant que tu prennes la décision la plus avisée nous concernant. Une chose était sûre, ma tranquillité d’esprit, en dépit de mon innocence, en avait pâti.

Tu n'était qu'un rustre de la pire espèce. Un homme cruel. En esclave modèle, j'aurais prétendu être n'importe qui pour pour satisfaire tes envies, jusqu'à cet homme dont tu gémissais le prénom en me mordant. Mais ta pudeur, à l'image de ta personne toute entière, trouvait racine dans la violence. Il avait fallu que tu me blesses pour préserver ton image.

En ton absence, j'avais agi comme si tu ne m'effrayais pas et répandu les plus crasses rumeurs à ton sujet. Je voulais que chaque humain du Château t'évite tout en ayant matière à se moquer de toi. Je croyais que tu m'avais percé à jour et que tu aspirais à te venger. Sinon pourquoi m'isoler dans les bois sous couvert d'une sortie de chasse ? Pourquoi ce silence interminable à mesure que nous nous éloignions de la civilisation ? La mort émanait de ta personne. Je croyais que mon tour était venu, cette nuit-là. J'ignorais encore qu'elle signait le commencement de toute autre chose : tu m'apportais des nouvelles de mon ami Ulysse, le rebelle Ghost. Tu espérais, à raison, que ses mots m'incitent à suivre ses pas.

Tu m’avais connu du temps de mes désillusions, après la fin de mon Caliçat. J’avais assisté à ton arrivée princière au Château, porteur de rêves qui, pour ma part, s’étaient brisés dans le silence et la souffrance. Avais-je utilisé notre amitié pour vivre par procuration le bonheur que t’apportait ton idylle avec le Marquis de Sercey ? Comment ne pas t’envier lorsque toutes les portes s’ouvraient sur ton passage ? Tu avais littéralement le monde à tes pieds, à l’époque, rien ni personne ne résistait à tes ambitions. Je t’avais admiré et secrètement jalousé, pendus aux barreaux d’une cage dans laquelle je m’étais moi-même enfermé.

Tu avais compté parmi mes amis les plus chers. Ton départ inexplicable n’aurait pu être qu’un au revoir, une épreuve à franchir. Mais tu avais creusés de tes mains le fossé qui nous séparait à présent. Au fil des ans, je t’avais tendu maintes fois la main sans que tu la saisisses. Force m’était d’avouer que j’ignorais tout de ta nouvelle vie à la Citée. Te croiser au détour du Château me réjouissait et me peinait à la fois. Comment notre relation s’était-elle dégradée aussi soudainement que définitivement ? Pourquoi ne me laissais-tu pas en recoller les morceaux ?

Ces questions, tu y avais toi-même apporté une réponse : qui s’associerait à une chienne, simple d’esprit, qui couche sans scrupule avec les ex de ses proches ? Mes regrets, ma tristesse, ma colère, tu n’entendrais rien de cela. J’avais abandonné l’idée de te les faire comprendre. Ce qui importait, ce qui m’inquiétait, ce qui m’enrageait, étaient les marques sur ton corps. C’était d’entrevoir les violences innommables qu’un garde t’avait fait subir, impuni, et de ne pouvoir te promettre vengeance. Si seulement tu réalisais que je n’étais pas ton ennemi. [RP en cours, à suivre...]

Tu étais devenu une constante dans mon existence, un ami proche mais aussi une présence rassurante aux côtés des vampires qui requéraient nos services. Je pensais te connaître, que nos préoccupations en tant qu'esclaves de chair dévoués aux plaisirs des immortels étaient similaires. Longtemps tu avais tenté d'éveiller le doute dans mon esprit pour qu'en retour j'essaye d'apaiser le tien. Je n'avais réalisé ni l'ampleur ni la certitude de tes convictions.

Ton départ m'avait anéanti. Depuis, je me sentais morcelé ; à croire que tu avais emporté un bout de mon âme dans ta fuite. Mes certitudes s'effondraient et je me surprenais à questionner ce qui avait coulé de source durant toute ma vie. J'avais d'abord refusé de croire que tu étais coupable de trahison voire pire, mort. Je t'en avais voulu de m'avoir menti et de m'avoir abandonné, seul ici. Puis j'avais culpabilisé de ne pas avoir été la personne de confiance dont tu aurais eu besoin, ce qui t'avait poussé aux secrets et, sans nul doute, à la solitude. Tu me manquais tellement, il ne se passait pas un jour sans que tu occupes mes pensées. Quand bien même je ne comprenais ni tes actes ni tes choix, je priais les astres pour que tu sois en vie et en bonne santé. J'aurais été prêt à tout pour te revoir et te serrer dans mes bras, ne serait-ce qu'une fois, si j'en avais eu l'occasion.

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