D’après les dires de son père, Sevan voit le jour de manière prématurée sur le chemin de l’exode polonaise. Ses parents, membres d’un groupe de migrants qui éclate dès le passage de la frontière, décident de s’établir de façon pérenne à Roncepourpre. Son frère, de quinze ans son aîné, est jugé impropre à honorer l’impôt de sang en raison de son handicap et Sevan est donc élevé dans l’optique de s’en acquitter à sa place.

  Discrets artisans, Aleksiel et Adelajda Lazarev s’insèrent dans la société française sans difficulté, masquant leur haine viscérale du Caliçat sous le vernis d’une banale méfiance envers l’engeance vampirique. Ainsi, Sevan grandit dans un climat de cordiale hostilité, influencé par les positions politiques de ses parents qu’il admire plus que tout.

  Enfant facile et curieux, ses ambitions se tournent rapidement vers de plus prestigieuses études, dans une société où l’accès à l’université paraît hors de portée pour un humain de sa classe. Néanmoins, Richard de Clairval – un ami proche de son père – lui offrira l’opportunité et les ressources nécessaires à la préparation du concours d’entrée de Polymnie, qu’il intègrera l’année de ses dix-neuf ans.

  Sevan se fond avec facilité dans le décor universitaire où il s’épanouit pleinement, échappant par la même occasion à son service. En effet, la perspective de son caliçat le frustre ; il souhaite devenir Muse et l’idée de gâcher dix années de son existence après l’obtention de son diplôme d’apprenti lui est insupportable. L’évidence se rapproche : l’humain a besoin d’un vampire capable de financer sa thèse s’il ne veut pas perdre de temps.

  Au cours de ses études, le jeune homme fait la connaissance de Lucius Stahl, sous-intendant de la Garde, de qui il tombe éperdument amoureux. Alors que son vœu de mécénat semble exaucé, Sevan met brutalement fin à leur relation en raison de graves et inconciliables différends politiques. Marqué par l’échec de son idylle avec le militaire, Sevan se rapproche de l’un de ses professeurs, Hésiode de Sercey, jusqu’à avoir une liaison avec ce dernier.

  Diplômé de sa maîtrise en lettres, Sevan commence sa thèse en même temps que son service. Il est accueilli au Château de Roncepourpre en tant que calice du marquis, embrassant une situation privilégiée dont il a à peine conscience tant il est absorbé par sa passion. Les deux hommes vivent une romance atypique, hors des conventions usuelles et sujette à de nombreuses jalousies. Projeté dans les hautes sphères, Sevan affine ses convictions politiques au contact du doyen mais aussi d’Ellian de la Bastille, à qui ils rendent visite tous les étés. Sevan prononcera son serment de Mnémosyne sur la calanque de Sormiou, un an avant la fin de son caliçat.

  Au fil des années, l’humain développe un malaise croissant à l’égard de son statut ainsi qu’une défiance de plus en plus prégnante pour le Caliçat. Ses rapports avec ses parents ne sont guère meilleurs, ceux-ci désapprouvant son union avec l’immortel. Le couple souffrira de ces tensions pour ultimement se briser au crépuscule de leur mariage, la mort d’Aleksiel et Adelajda ayant mis le feu à des poudres dormantes.

  De retour à la Cité, forcé de reprendre un travail plus lucratif, Sevan met sa carrière de Muse de côté pour se consacrer à la reprise du commerce de son père. Il s’installe dans la maison de ses parents avec son frère, Vihren, et y entame une existence célibataire après plus de douze ans de vie commune. Passée une première année difficile, il arrive à stabiliser sa situation et s’établit comme le maître cirier de la Cité, réputé pour son art de la sculpture qu’il n’avait jamais abandonné.

  Près de deux ans après la fin de son service, Sevan fait la connaissance fortuite de Roman Desmarais et décidera de s’engager dans la Cause, opérant d’abord comme un messager avant de prendre un rôle plus important et agressif.

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